GESTION DES QUOTAS LAITIERS Le grand Est à l'épreuve de sa diversité
Les régions à faible densité laitière et les zones AOC craignent de ne pas pouvoir porter leurs particularités dans la répartition des volumes disponibles.
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Six régions administratives, vingt départements de la frontière allemande à l'Île-de-France, des plaines céréalières et des zones de montagne, du lait standard et les plus grandes AOC fromagères françaises : voilà le portrait du grand bassin de l'Est devenu, depuis avril dernier, le périmètre d'attribution des quotas laitiers en lieu et place des départements. Cette hétérogénéité fait craindre à certains l'impossibilité d'une gestion juste des références disponibles.
Deux grandes peurs agitent les responsables professionnels. Que les départements à faible densité laitière se fassent siphonner le lait par des zones plus dynamiques en attente de droits à produire. Dans la zone des AOC franc-comtoises, la crainte est inverse : que des attributions trop généreuses de quota ne déséquilibrent une stratégie de filière qui a toujours voulu maîtriser les volumes au bénéfice de la plus value. La crispation est parfois forte, notamment en Bourgogne : « On va rayer le lait de notre territoire », osent certains. Leur crainte est que l'Alsace et la Lorraine, notamment, se gavent de leurs sous-réalisations et ne leur laissent que des miettes.
Faire le point dans un an
« Dans l'Yonne, nous installerons peut-être cinq jeunes par an et nous aurons cinq plans de modernisation. Cela fera dix producteurs prioritaires sur trois cents, alors que plus de deux cents ont émis le souhait de produire plus. Non !Nos outils de production ne sont pas saturés. Il faudra un retour obligatoire dans les départements à faible densité », argumente Nadine Darlot, de la FDSEA de l'Yonne. En Lorraine, on affiche l'apaisement : « Nulle intention pour nous de vider un département pour en remplir un autre. Mais notre premier objectif est bien que tout le lait du bassin soit produit. Il y aura donc nécessairement des transferts entre départements. Quant à la déprise laitière dans certaines de nos régions de polyculture-élevage, elle dépendra davantage du rapport de prix entre les céréales et le lait que destransferts de quotas », explique Daniel Perrin, de la FDSEA de Meurthe-et-Moselle.
Cette politique de bassin permettra aussi de rééquilibrer les dotations aux JA qui pouvaient varier de 5 000 à 100 000 l. Les plus farouches s'accrochent à la promesse du ministre de faire un point après un an de fonctionnement du bassin. Leur espoir : travailler en sous-bassin. « C'est une erreur de l'administration de laisser courir cet espoir. Le risque est d'engendrer des résistances pendant un an. Du temps perdu d'ici à 2015 », nous confiait un observateur.
L'administration semble avoir saisi la complexité de ce bassin en acceptant qu'un cercle élargi puisse y participer afin de représenter toute sa diversité. En plus des quatorze votants (six pour les producteurs, six pour les transformateurs, un pour la distribution et un pour les consommateurs), la conférence de bassin invitera tout un aréopage de suppléants et d'experts. « Les trois familles qui siègent à l'interprofession régionale ont tenu à envoyer les mêmes représentants à la conférence de bassin de façon à ce qu'il y ait une continuité dans la réflexion sur la filière. Les quotas s'arrêtent en 2015, pas le travail interprofessionnel », insiste Daniel Perrin.
DOMINIQUE GRÉMY
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